La vie de Jeanne d'Arc pourrait passer pour une belle légende si nous n'avions pas des preuves historiques des différents éléments de sa vie. En effet on possède les minutes – les comptes rendus – des deux procès, celui qui la condamne et celui qui la réhabilitera, ainsi que les écrits de son époque racontant ses exploits.
Jeanne d'Arc est son nom le plus souvent retenu car, à cette époque, on écrivait les noms comme on les entendait et cela variait souvent d'une personne à l'autre, ainsi on trouve aussi pour son nom Tarc, voire Daly ou même Day.
En fait d'Arc est son « surnom » , c'est à dire son nom de famille car selon la coutume locale – celle de sa région de naissance – on l'appelle par son matronyme, le nom de sa mère, qui est Rommée.
Son lieu de naissance est bien Domrémy, dans le duché de Bar, actuel département des Vosges.
Elle naît dans une famille de laboureurs, c'est à dire des paysans riches, qui possèdent au moins une partie des terres qu'ils labourent et qui possèdent des animaux. Son père a plusieurs fois été « doyen » du village, à peu pès l'équivalent du maire de nos jours. Sa date de naissance n'est pas connu avec certitude, mais elle-même, lors de son procès en 1431, dit avoir 19 ans ! Il n'est cependant pas impossible qu'elle ait eu 3 ans de plus.
Maison natale de Jeanne
D'après des écrits de l'époque, c'est une fille pas très belle mais avec une belle poitrine et une paysanne « solide » mais nous n'avons aucun portrait d'elle de son temps.
Ainsi Jeanne d'Arc, petite paysanne illettrée, va sauver le roi de France entre 17 et 19 ans !
Un peu d'histoire pour comprendre le contexte.
Au moment de la naissance de Jeanne, la France est en pleine guerre de cent ans. Cette guerre oppose le roi de France, Charles 6 au moment de la naissance de Jeanne, et donc son armée, au roi d'Angleterre, Henri 5 à ce moment, et son armée, pour savoir qui est le vrai roi de France.
En effet au début de la guerre de cent ans (1337), le roi d'Angleterre, Edouard 2, descend directement du roi de France par sa mère, Isabelle de France, qui est la fille aînée du roi de France Philippe 4 le bel et qui, à la mort de ses trois frères, aurait dû devenir reine de France, si elle n'avait pas été écartée du trône en vertu d'une loi salique qui n'existe pas (en fait elle existe mais elle n'a rien à voir !). Cette loi salique « inventée » dit que les femmes ne peuvent pas accéder au trône, alors que partout, y compris en France, les femmes (quand elles n'ont pas de frère) héritent du pouvoir de leur père défunt.
La guerre de cent ans est donc une lutte pour savoir qui est le véritable roi de France, le roi d'Angleterre qui s'estime héritier légitime du trône (à juste raison !), ou le roi de France actuel (un descendant du frère de Philippe le Bel, que les pairs de France ont alors choisi).
De plus la Guyenne (à peu près l'actuelle Aquitaine) appartient au roi d'Angleterre mais comme elle est sur le territoire français, le roi d'Angleterre est vassal du roi de France et doit donc lui prêter hommage. Et comme dans la pratique pour un jugement rendu en Guyenne il peut être fait appel devant la cour de Paris, le roi de France a donc le pouvoir de révoquer toutes les décisions juridiques prises par le roi d'Angleterre en Aquitaine, ce qui est bien sûr totalement inacceptable pour les Anglais. Dès lors, la souveraineté sur la Guyenne fait l'objet d'un conflit larvé entre les deux monarchies.
Le roi de France actuel, Charles 6, est sujet à des crises de folie. Du coup le véritable pouvoir est entre les mains du Conseil, principalement son frère, le duc Louis d'Orléans, et son oncle, Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. Évidemment la lutte pour le pouvoir est intense.
Charles 6 alité et ses médecins
Le roi Henri 5 d'Angleterre en profite pour relancer les hostilités, et va écraser l'armée française, malgré la nette supériorité numérique de celle-ci, à Azincourt en 1415. Cette défaite plonge les soldats français et leurs chefs dans l'apathie. Ils n'osent plus rien entreprendre.
Bataille d'Azincourt
Le dauphin Charles et le duc de Bourgogne se rencontrent à Montereau pour se réconcilier et ainsi faire face aux Anglais, mais le duc de Bourgogne est assassiné ! Du coup, évidemment, la réconciliation n'a pas lieu et les Bourguignons s'allient aux Anglais.
Profitant de cette nouvelle alliance, le roi d'Angleterre, le duc de Bourgogne et la reine de France font signer au roi de France, Charles 6 défaillant, le traité de Troyes.
Isabeau de Bavière, épouse du roi Charles 6, au traité de Troyes
Le traité de Troyes stipule que Henri 5 devient régent du royaume de France et épouse la fille du roi Charles 5. Ainsi à la mort de celui-ci, la couronne et le royaume de France reviennent à Henri 5 « puis perpétuellement aux héritiers successifs du roi anglais. ».
Bien entendu le dauphin Charles n'est pas du tout d'accord et une partie de la noblesse française non plus.
Manque de chance pour les Anglais, Henri 5 meurt quelques mois avant Charles 6, en laissant pour lui succéder un bébé de 9 mois qui est trop jeune pour être sacré ! Le trône de France est donc vacant.
Toutefois le dauphin Charles n'est pas vraiment en position de force, d'autant plus qu'il est assez peu hardi et que parfois même il doute de sa légitimité, n'étant pas certain d'être le fils de son père ! En effet sa mère, la reine Isabeau de Bavière, avait, comme on dit à l'époque, « la cuisse légère ».